Le bureau du sheriff s’était organisé dès l’annonce de la disparition de la gamine. Chacun avait reçu ses ordres et son territoire à prendre en charge, avec tout ce que cela impliquait : la participation des citoyens. Le scénario le pire qui était ! Ellie n’avait pas participé à beaucoup de battues de ce genre – il faut dire qu’à San Francisco, cela n’avait rien à voir – mais elle savait que lorsque les citoyens se motivaient à aller chercher le salaud qui avait fait ça, il fallait s’attendre à tout, et notamment à un coupable qui n’aurait plus de quoi expliquer son geste s’il avait la chance d’être encore en vie. Car toucher à un gamin, c’était le truc le pire qu’un criminel pouvait faire, pour le citoyen lambda.

Les alentours de la ville promettaient une recherche…fastidieuse ! Entre le désert à perte de vue et le parc aux caravanes, les probabilités étaient nombreuses, et Ellie sentait de la fébrilité chez certains qui voyaient déjà les mobile-homes comme le lieu idéal pour cacher une petite fille kidnappée. Pourtant, on ne pouvait pas écarter un tonneau planqué dans le désert ou un cadavre laissé dans une crevasse du canyon. Avec les quelques agents qui étaient dépêchés avec elle sur ce territoire, Ellie établit un plan de recherche. Les citoyens étaient relativement nombreux et il y avait de quoi faire plusieurs groupes. Ellie tâcha de mettre un représentant des forces de l’ordre dans chaque groupe, espérant que ça calmerait les ardeurs de certains qui piaffaient comme des chevaux avant une course. Puis elle s’adressa à tous les citoyens concernés. « Merci à tous d’être venus proposer votre aide. Afin de couvrir plus de terrain, mes collègues et moi avons fait plusieurs groupes de recherche et nous partirons dans plusieurs directions différentes. S’il vous plaît, si vous repérez quoi que ce soit de suspect, prévenez l’agent qui vous accompagne, et n’intervenez pas vous-même. Nous ne savons pas à qui nous avons affaire. Ne vous séparez pas de votre groupe et assurez-vous d’avoir suffisamment d’eau, la journée risque d’être chaude. »

Ellie donna les dernières instructions aux agents chefs de groupe et se dirigea vers le sien. « Vous, et vous, vous êtes avec moi », fit-elle en pointant une jolie blondinette (@Charlie McCarthy) et un homme dont les couleurs fièrement portées ne lui disaient rien qui vaille (@Miguel Sanchez) et qu’elle préférait ainsi avoir auprès d’elle plutôt qu’avec des agents moins expérimentés. « Ellie », se présenta-t-elle avec un signe de tête, attendant que les autres fassent de même. « Est-ce que vous avez des questions, avant qu’on y aille ? »

(Je me suis permise de prendre le lead, si ça vous va, chers partenaires ?
Miguel, tu me dis si jamais ton perso est habillé casual, que je modifie ma dernière partie mais j'ai eu l'impression que c'était pas le genre de ton perso. )

A l’annonce de cette gamine disparue, le sang de Charlie s’était figé. Comment pouvait-on emmener une petite fille ? De 6 ans ? A l’idée qu’un délinquant sexuel l’ait emmenée avec lui, le ventre de Charlie se nouait et se soulevait. Elle en avait pourtant vu à l’hôpital, des gamines qui avaient dont on avait abusé. Sa douceur naturelle avec les enfants passait toujours le mieux dans ce genre de moment, et, bien souvent, elle se retrouvait à faire les examens qui révèlent les traces de viol. Mais cette fois, la gamine avait 6 ans. Meredith n’avait que 6 ans et un malade l’avait peut-être emmenée avec lui. La ville murmurait tous ses soupçons, que ce soit envers les gangs ou envers des voisins avec un passé plus compliqué que ce que l’on soupçonnait. Mais, en son fort intérieur, la chirurgienne savait qu’il ne s’agissait pas d’un acte d’un des gangs. Quel intérêt auraient-ils à enlever une si petite fille ? Ou alors elle se trompe lourdement. Quoi qu’il en soit, lorsque les recherches se sont mises en place, Charlie n’avait pas hésité une seule seconde à proposer son aide et se rendre sur le lieu de rendez-vous pour former les groupes.

Beaucoup s’étaient rassemblés aujourd’hui pour mener les recherches. Charlie ne s’était pas rendu compte directement qu’elle risquait d’être mise dans un groupe avec Lui. Elle n’avait pas mesuré l’ampleur de la manœuvre à fournir, aussi, pour échapper à une quelconque recherche avec un Bloody, elle s’éloigna un maximum d’eux, jouant quelque peu des coudes pour filer dans la foule et se retrouver à l’opposer des membres de ce club. S’en éloigner au point de se retrouver du côté de l’autre gang, ceux qui n’inspirent rien de bon. Mais leur choix était préférable que de se retrouver avec celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Et puis personne n’était en danger aujourd’hui puisque tout le monde s’était réuni pour retrouver la petite Meredith, non ? Tout le monde avait le même but et ce n’était pas de tuer quelqu’un de plus.

Charlie écouta respectueusement les consignes de l’inspectrice de police. Si elle ne se trompait pas, elle devait se nommer Ellie. Par chance, Charlie avait emporté un sac à dos bleu pastel orné de petites fleurs en tout genre, elle avait tout prévu pour passer une chaude journée de repos dehors ! Ses parents l’avaient même regardé bizarrement lorsqu’elle était descendue de sa chambre, depuis quelque temps elle y passe la majorité de son temps libre. L’inspectrice s’éloigna un instant avant de revenir vers les personnes, pointant alors Charlie ainsi qu’un membre des Black pour venir vers elle. La petite blonde mit un temps avant de réellement se mettre en marche vers l’inspectrice. L’homme était intimidant et son passé avec un Bloody lui fit directement regarder son blouson ainsi que ses écussons. Le vice-président. Nerveuse d’être en présence d’un gang adverse, quoi que, elle n’était plus avec un Bloody alors elle n’était plus vraiment dans un clan ou l’autre. Elle tenta tout de même un sourire amical envers ses deux partenaires de recherche.

Elle avait vu juste, l’inspectrice se nommait bien Ellie, elle sourit à cette idée avant de se présenter à son tour. « Charlie ! » Elle jeta un coup d’œil timide vers le vice-président à côté d’elle. Mon dieu il était vraiment bien plus grand ! La chirurgienne se sentit comme une petite souris face à lui, heureusement la police était présente. « Oui, j’en ai une. » Dit-elle. « Pensez-vous que nous avons des chances de la retrouver vivante ? » C’était la question qui lui brûlait les lèvres, bien que personne ne soit capable de répondre véritablement. Pas qu’elle soit effrayée de voir un cadavre, elle en voit assez dans son métier. Mais c’est surtout l’état de ce dernier qui l’inquiète. « Pas que je sois effrayée d’en voir un, mais, ce que je veux dire, c’est que Meredith n’a que 6 ans et … » Et elle ne dit plus rien. Grimaçant en se rendant compte qu’elle parlait bien trop et qu’elle allait se faire passer pour un cliché parfait de la jeune innocente écervelée.

C'est parfait pour moi ! Charlie suivra quoi qu'il se passe

Miguel n’est pas content d’être ici. En plein jour. En plein soleil. En pleine chaleur aussi. Il n’est pas du tout heureux et son visage reste fermé tandis qu’il attend que ce monde se dissipe en plusieurs groupes de recherches.
Le but est simple : il faut retrouver Meredith ayant disparu. C’est une enfant de six ans et cette disparition marque les esprits. Beaucoup en parlent et même dans le club de strip-tease lorsque certains clients se payent le luxe de partager un verre avec Miguel. C’est toujours une bonne idée que d’être sympathique et de laisser délier les langues tentatrices.
Pourtant, se retrouver au milieu des flics n’est pas forcément aussi appréciable. Miguel préfère, de loin, se trouver ailleurs qu’ici. Le poids de sa veste lui donne l’impression d’être dans une chaudière. Et il a l’impression de s’être fait berner par son frère, que ce dernier l’a envoyé directement à l’abattoir. Il n’en revient toujours pas d’ailleurs. Que Diego ait pu avoir cette idée de participer à cette battue.
Son plan est simple, il s’agit surtout de se retrouver au milieu des habitants de Clifton et notamment de la police ayant organisé cette battue. Quoi de mieux que de se faire bien voir ?
Miguel n’est pas aussi optimiste que son frère et il a fallu qu’ils se disputent pendant de longues heures pour venir à bout de ce désaccord et d’admettre qu’il valait mieux essayer que de ne rien faire. Ceci dit, il est méfiant, ne sait pas trop s’il doit vraiment s’investir ou non. Dans tous les cas, le gangster ne se trouve ici et il ne peut plus reculer, encore moins quand une flic le hèle en lui demandant le rejoindre, afin de former un groupe avec une autre blonde qu’il croit connaître sans forcément être sûr. Sans doute l’a-t-il croisé dans les bras d’un de ses gars. Les femmes, au sein de son clan, n’ont pas trente-six mille possibilités d’exister.  Seule l’innocence de ses traits dissipe tout soupçon, chose qui ne fonctionne pas forcément avec la brune. Elle est de la police et pour ce qu’il fait de ses journées, il se doute qu’ils ne seront jamais amis. Néanmoins, il prend sur lui, songe à Diego qui attend pas mal de lui. Et puis, il laisse la brune se présente, apprend que la blonde s’appelle Charlie.
« Miguel. » Dit-il en opinant de la tête, guère plus emballé que ça à l’idée de se présenter. Quand la flic demande ensuite s’ils ont des questions, il préfère répondre négativement par un hochement de la tête. Moins il en dira, mieux il se portera. Cependant, la blonde s’inquiète de l’état dans laquelle ils risqueront de retrouver la petite. « Tout dépend si ça fait longtemps qu’elle a disparu, peut-être… Non ? » Ne peut-il s’empêcher de répondre à Charlie avant de laisser Ellie apporter le soin de compléter ses mots. De toute façon, il n’a pas suivi l’histoire de la disparition, ne sait même pas depuis combien de temps elle a disparu aussi. Bref, il a pris le bébé en plein vol.
« Malheureusement des tarés qui enlèvent des enfants, il y en a. Croisons les doigts pour qu’elle soit vivante. » Parce que même s’il n’a pas forcément l’étiquette du gentil, Miguel croit en la théorie de l’âme et chez lui, les enfants sont un cas à part. On ne touche pas aux plus faibles comme l’on respecte les parents et les aînés. De toute façon, il a son arme avec lui, bien dissimulé. Mais il le sait, face à un pédophile ou connerie de ce genre, il est capable du pire. « On se met en route ? » Parce qu’il ne va pas taper la causette éternellement, non plus.

Charlie et Miguel. Parfait. Ellie n’aurait pas à retenir des prénoms trop compliqués. La présence d’un Black Bullet dans ses rangs l’inquiétait : s’ils étaient comme les Bloody, désireux de rendre service à la communauté pour se faire bien voir, son travail allait se compliquer. Mais c’était peut-être aussi l’occasion d’en apprendre en plus, d’autant que celui qu’elle avait dans son équipe de recherche n’était pas n’importe qui. Elle espérait n’avoir pas fait de connerie en ajoutant à son équipe la jeune femme qui n’aurait pas juré dans une peinture représentant la vierge innocente. Sa question était typiquement de celles auxquelles la police avait toujours du mal à répondre. La première chose qu’on apprenait à l’école de police : ne jamais promettre quoi que ce soit à un proche d’une victime. Mais ça valait également pour n’importe qui. Et les disparitions d’enfants étaient certainement les pires. Heureusement, le Black offrit quelques instants de répit à Ellie, qui chercha à formuler au mieux sa réponse. « En effet… et nous allons tout mettre en œuvre pour la retrouver, avec votre aide », botta-t-elle en touche tout en essayant de présenter un visage optimiste à Charlie. Dans une disparition d’enfant, les premières 48h étaient critiques. Sans aucune piste solide d’ici demain soir, il y avait fort à parier que le visage de la gamine figurerait sur le carton des briques de lait pour les 20 ans à venir.

Ouais, et pour sûre que vous vous y connaissez en tarés, se retint-elle de dire à Miguel. L’inspectrice préféra hausser vaguement les sourcils tout en attrapant le sac à dos aux couleurs du commissariat. « Oui, allons-y. On va descendre la route jusqu’à la station-service. » Le gérant de cette dernière avait déjà été interrogé, au cas où il aurait vu passer un véhicule suspect ou servi un client qui aurait pu l’être, mais sans résultat. Ce qui ne voulait pas forcément dire que, si kidnappeur il y avait, il ne soit quand même pas passé par là. « Je vous donne une photo de la gamine, et la description que ses parents nous ont fait des vêtements qu’elle portait. Pour rappel, elle s’appelle Meredith et elle a 6 ans. Si elle s’est…perdue, elle est sans doute effrayée. » Pour ne pas dire terrorisée mais il n’était pas forcément utile de stresser un peu plus des citoyens concernés et fébriles. « Vu l’endroit où nous nous trouvons, nous n’aurons pas besoin de hurler son nom à tout va, aussi soyez bien attentifs à tout bruit suspect. » Ellie préféra ne pas s’attarder sur le pourquoi de cette consigne mais si la gamine était enfermée quelque part et pouvait crier, ils auraient besoin de cette attention. « Et si vous repérez quoi que ce soit qui ressemble à ses effets personnels, n’y touchez surtout pas et appelez-moi ! » La plaie des battues citoyennes était avant tout la destruction d’indices et de preuves, détruisant un peu plus les chances de trouver la victime comme le coupable. Ellie se mit alors en marche, et cala son pas sur celui de la jeune femme. « Ça va aller, Charlie ? Surtout, s’il y a un moment où vous êtes mal à l’aise, n’hésitez pas à me le dire. Je pourrai demander à un agent de vous ramener en ville », lui fit-elle avec un sourire engageant et compréhensif. Elle aurait tout à fait compris si la jeune femme n’avait pas l’estomac pour ce qui les attendait – peut-être – au bout de la route.